samedi 27 octobre 2012

la jalousie Lucie

LA JALOUSIE

Le contexte
Depuis le début de l'année je tente des séances de "philosophie autrement". On part d'autres supports que les textes de l'histoire de la philo, de documents, ou de thématiques plus proches des élèves pour faire de la philosophie.
Ici une séance sur la jalousie faite déjà en L et S et prochainement en STI qui suit une séance sur l'amour et permet de la renforcer.

La séance
Je suis partie de ce texte de la Prisonnière de Proust.
Cela permet de renforcer le cours sur le désir et le bonheur  mais aussi Autrui en réfléchissant sur les conséquences de l'idée de manque. Le désir amoureux ne va-t-il pas de pair avec le manque ? Cela signifie-t-il qu'il participe à notre malheur ? Puis-je posséder complètement autrui ?

La Prisonnière , Marcel PROUST : Peut-on aimer sans être jaloux ?
 Y a-t-il des amours heureux ?


Si l’amour est possession de l’autre pourquoi est-il condamné au malheur ?

« La possession totale d’Albertine,  possession qui avait été mon but et ma chimère depuis le premier jour où je l’avais vue ». « Vouloir à tout prix connaître ce qu’Albertine pensait, ce qu’elle voyait, qui elle aimait – comme il était étrange que je sacrifiasse tout à ce besoin ».

« Et je comprenais l’impossibilité où se heurte l’amour. Nous nous imaginons qu’il a pour objet un être qui peut être couché devant nous, enfermé dans un corps. Hélas ! Il est l’extension de cet être à tous les points de l’espace et du temps que cet être a occupés et occupera. Si nous ne possédons pas son contact avec tel lieu, avec telle heure, nous ne le possédons pas. Or nous ne pouvons toucher tous ces points. De là la défiance, la jalousie, les persécutions ».

« Je sentais que ma vie avec  Albertine n’était pour une part, quand je n’étais pas jaloux, qu’ennui,  pour l’autre part, quand j’étais jaloux, que souffrance ».

« J’appelle ici amour une torture réciproque ».


De quoi est-on jaloux exactement ?

« Mais ce qui me torturait à imaginer chez Albertine, c’était mon propre désir de plaire à de nouvelles femmes, d’ébaucher de nouveaux romans ; c’était de  lui supposer ce regard que je n’avais pu, l’autre jour, même à côté d’elle, m’empêcher de jeter sur le jeunes cyclistes assises aux tables du Bois de Boulogne. Comme il n’est de connaissance, on peut presque dire qu’il n’est de jalousie que de soi-même ».


Pourquoi n’y a-t-il plus d’amour si la possession est totale ?

« Il faudrait choisir entre cesser de souffrir ou  cesser d’aimer. Car, ainsi qu’au début il est formé par le désir, l’amour n’est entretenu plus tard que par l’anxiété douloureuse. Je sentais qu’une partie de la vie d’Albertine m’échappait. L’amour, dans l’anxiété douloureuse comme dans le désir heureux, est l’exigence d’un tout. Il ne naît, il ne subsiste que si une partie reste à conquérir. On n’aime que ce qu’on ne possède pas tout entier ».


Le paradoxe de l’amour : on veut posséder l’autre mais si on y parvient l’amour disparaît.


Prolongement :

·         que signifie vouloir posséder l’autre ? Est-ce la même chose que vouloir posséder un objet ?  texte de Sartre sur la possession amoureuse : posséder une liberté comme liberté

·         Es-ce que l’amour est nécessairement volonté de possession ? N’est-ce pas du à l’idéal d’exclusivité qui existe dans nos cultures : l’amour chez les Mosso. Voir documentaire  d’ethnologie« Touentou, fille du feu ».

Lucie CHANU

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