samedi 27 octobre 2012

film "le truman show": BONHEUR/VERITE/LIBERTE Lucie

J'ai le film en DVD mais aussi sur clé usb , je vais essayer d'en introduire quelques extraits mais je ne sais pas faire pour le moment...
Film le Truman show


ANALYSE de SEQUENCES

v  Dialogue entre le journaliste et le réalisateur de la série

-          « comment expliquez-vous qu’à ce jour Truman n’ait pas découvert la vraie nature du monde dans lequel il vit ?

-          Chacun accepte la réalité du monde auquel il est confronté. »

1- Expliquez la réponse du réalisateur et montrez qu’en ce sens nous sommes tous victimes d’illusions. Donnez des exemples qui illustrent votre propos.


v  Dialogue entre Sylvia (la jeune femme amoureuse de Truman)  et le réalisateur :

-          « Je le laisserai partir mais il faudrait qu’il soit déterminé à trouver vraiment la vérité mais ce que vous n’acceptez pas c’est que Truman préfère sa cellule ».

2- Etes vous d’accord avec les propos du réalisateur ? Donnez un argument pour et un argument contre.


v  Dialogue entre Truman et le réalisateur :

-          « Je suis le réalisateur d’une émission qui donne de l’espoir, de la joie, de l’inspiration à des millions d’hommes ».

3-      En quel sens la vie de Truman peut-elle faire rêver ? Montrer que le plaisir à regarder cette série est illusoire.

4-      « Il n’y a pas plus de vérité à l’intérieur qu’à l’extérieur mais dans mon monde tu n’as rien à craindre ». Expliquez ce propos du réalisateur.


REFLEXION : LA LIBERTE

1-      Truman est-il libre au début du film ? Montrez qu’il n’a pas seulement des contraintes extérieures mais que son esprit lui-même est contrôlé en donnant deux exemples. Qu’en déduisez-vous sur la liberté ? Suffit-il de ne pas être contraint pour être libre ? Donnez des exemples quotidiens de « ce contrôle intérieur » que nous pourrions tous vivre.

2-      Truman se sent-il libre au début du film ? Donnez des exemples qui montrent que la liberté est parfois illusoire.

3-      Que faut-il alors pour être libre ? Quelle est la définition de la liberté que vous donneriez après cette réflexion.


REFLEXION : LE BONHEUR

1-      Truman parait-il heureux au début du film ? Donnez d’autres exemples qui montrent que l’on peut être heureux dans l’illusion et dans l’absence de liberté.

2-      Montrez alors plus largement que le bonheur est peut-être contraire à la liberté et à la vérité.

3-      Pourtant comment analysez-vous la fin du film ?


REFLEXION : LA VERITE

1-      Comment Truman découvre-t-il la vérité ? Est-ce par lui-même ou y a-t-il des éléments extérieurs qui le poussent ?

2-      Pourquoi est-il difficile de sortir de l’illusion ? Qu’est-ce qui peut nous y aider ?

3-      Les hommes recherchent-ils vraiment la vérité ? Appuyez vous sur le Truman du début du film puis de la fin puis élargissez votre réflexion.

l'identité biologique Lucie


Cours constitué à partir d'un stage du PAF qui m'avait passionné. Il faut expliquer aux élèves de S et particulièrement de STLanalyse bio qu'il s'agit là d'une théorie minoritaire et donc opposée à celle qu'on leur apprend, ce qui peut donner aussi une réflexion intéressante sur les théories scientifiques même si elle est parfois houleuse...

Cours:  Peut-on se connaître?
II- 3) b- la question du moi biologique.

 

Pourquoi parler ici de l’identité biologique ?

  • >>>Peut-on définir ce que nous sommes par l’identité biologique ? Ce que nous sommes est-il inscrit dans nos gènes ?

A priori non, pourquoi ??? Nous sommes avant tout esprit et non corps. Moi = subjectivité. Identité biologique =/= identité personnelle. Et puis cela voudrait dire que nous sommes strictement déterminés par la nature pourquoi ? Tout serait inscrit en nous dès notre naissance.

 

Pourtant neurobiologie= on explique l’esprit par le cerveau autrement dit par des mécanismes naturels, physiologiques>>> Matérialisme= tout expliqué par la matière. Réduire l’esprit à la matière

>>>Lien Marx ???

 

  • Mais plutôt ici : montrer que les questions que pose l’identité biologique sont les mêmes que celles que pose l’identité personnelle :

-          Le moi est-il fixe ?

-           Le Moi est-il indépendant de l’extérieur, de l’autre.

Analogie et non ressemblance.

 

I-                  La  conception moi dans l’immunologie traditionnelle

 

Immunologie = étude du système immunitaire = la défense du moi biologique.

 

 1- LA DEFINITION

·         F.M BURNET père de l’immunologie se sert d’une définition négative pour définir le moi : Le moi c’est tout ce qui n’est pas rejeté, tout ce qui n’est pas étranger, autre. Le système immunitaire est donc le système qui permet au soi de rester soi en rejetant ce qui est étranger.

 

·         Mais qu’est ce que le soi ou le moi et qu’est-ce qui est étranger ? Est rejeté a priori tout ce qui ne possède pas le même bagage génétique que celui de l’organisme. D’où l’idée que ce qui est nous ce sont nos gènes. L’identité biologique reviendrait à l’identité génétique. Le moi biologique serait nos gènes. On a bien la définition étymologique de l’identité : être identique à soi. En effet le génome est toujours le même, même s’il peut s’exprimer différemment.

 

2- PREUVE : C’est ce que l’on voit dans le cas des allogreffes (greffes d’éléments porteurs d’un autre bagage génétique) : A chaque fois que l’on introduit dans l’organisme des cellules qui n’ont pas le même génome, elles sont rejetées.

Les greffes ne sont ainsi acceptées que pour des jumeaux homozygotes ou des autogreffes car le génome des cellules est le même.

Pourtant on pratique des allogreffes avec des donneurs qui sont histocompatibles autrement dit dont les tissus sont proches de la personne greffée mais il faut savoir que cela se fait par un traitement immunitaire qui réduit donc la réaction de l’organisme à ce qui n’est pas lui et que la plupart des greffes ne durent pour l’instant qu’une quinzaine d’années après quoi elles sont rejetées.

 

3-      PRESUPPOSES de cette conception

 Comme nous possédons ce bagage génétique dès la naissance, on en vient à penser aussi que ce qu’est un organisme existe à l’état initial. L’individu ne ferait qu’exprimer biologiquement ce qu’il est déjà à l’origine.

 

Cela voudrait dire alors :

    • qu’il y une sorte de prédestination biologique. Nous sommes ce que nous étions au départ. Donc notre identité est faite du même comme son origine étymologique l’atteste.
    • mais aussi que  ni notre environnement ni autrui n’influence notre identité et même que notre identité se définit en opposition avec autrui

On voit bien ici que l’on a exactement les mêmes présupposés sur l’identité que celle que nous avons vu en début de cours : Notre moi serait un fond fixe en opposition avec autrui.

 

II-              Les difficultés de cette théorie

 

Cette théorie laisse de côté tout un tas de phénomènes non expliqués. On verra dans le cours sur la science que l’on passe d’une hypothèse théorique à une autre lorsque les difficultés que posait la théorie précédente sont jugées trop importantes. Idem pour la théorie psychanalytique : le fait de supposer qu’il n’existe que la conscience laissait de côté toute une série de phénomènes non expliqués comme le rêve  ou l’hystérie par exemple. On a ici un modèle de l’évolution scientifique.

 

Aujourd’hui on peut dire que la définition du soi par le non soi est toujours majoritaire et c’est celle qui enseignée mais les difficultés sont fortes donc il y aura bientôt peut-être un changement de paradigme.

 

1-      Les rejets de soi

 

o   Les maladies auto-immunitaire comme la sclérose en plaque ou les cancers sont des maladies où l’organisme se met à rejeter des éléments du soi, des éléments porteurs du bagage génétique de l’individu. Les tumeurs qui sont pourtant fabriquées par le moi provoquent des réactions immunitaires.

 

o   Même dans le cas d’organismes sains, on se rend compte de plus en plus que le moi rejette le moi ne serait ce que pour évacuer les cellules qui sont en train de mourir ce serait la mort de l’organisme s’il n’en était pas ainsi !

ex :

- 98% des leucocytes qui sont sélectionnés par le thymus meurent car ils réagissent contre le soi.

- Les cellules macrophages détruisent certes des bactéries qui ne sont pas porteuses du génome mais aussi et c’est très souvent le cas (80%) des cellules du moi vieillissantes.

 

2-      La tolérance immunitaire

 

o   La tolérance du maternel : pas de réaction de la mère contre son fœtus et pourtant il n’a pas le même génome. C’est dû à une molécule (HLA-G) qui provoque un changement du système immunitaire.

 

o   Le chimérisme. Définition de la chimère. L’enfant conserve des cellules de la mère et la mère de l’enfant alors que l’un pourrait être dit étranger à l’autre. On pense que c’est à l’origine de certains cancers chez la femme.

 

 

o   Les bactéries commensales : Lorsqu’on analyse l’ensemble des cellules qui constituent notre organisme, on se rend compte que seules 10% d’entre elles sont porteuses de notre génome. 90% sont des bactéries qui ont donc un génome différent du nôtre. C’est surtout le cas dans l’intestin (qui mesure de 8 à 10 mètres d’où son importance quantitative dans notre organisme) qui est rempli de bactéries qui vont servir à la digestion. C’est la raison pour laquelle nous parlons de flore : intestinale, vaginale pour les filles … Osons en tirer la conséquence ! Ce que nous sommes est en grande partie autre, étranger, animal voire végétal, nous sommes en grande partie composés de cellules  qui ne sont pas humaines.

 

 Nous voyons donc bien que l’on ne peut en rester à la définition donnée au départ : notre moi biologique ne rejette pas systématiquement l’autre et ne conserve pas forcément ce qui est soi. On ne peut définir si facilement le soi par le rejet du non soi. Et on a même vu que cela remettait en cause l'identité de l'individu biologique mais aussi la définition de l'homme lui-même puisque nous avons en nous plus de non humain que d'humain. Serions-nous alors des monstres ?

L’autre n’est pas forcément opposé à moi.

Autrui cf aliénus en latin, qui a donné aliénation, voire le monstre alter = étranger, ce qui n’est pas humain contribue à nous faire penser que autrui est forcément un obstacle à ce que nous sommes .

 

3-      Le moi biologique n’est pas réductible aux gènes mais dépend du monde extérieur, de l’environnement.

-          On sait depuis longtemps que deux vrais jumeaux qui ne vivent pas du tout dans le même environnement par exemple un en France et un en Afrique n’auront pas le même système immunitaire (ils ne réagiront pas de la même façon à des maladies). La tolérance à l’autre sera différente, on le voit bien dans le cas de l’alimentation par exemple.

-          Les réactions que vous pouvez avoir à des maladies, des virus , des bactéries n’est pax fixe mais peut changer selon l’âge ex : les maladies infantiles que l’on a qu’une fois parce que l’on est ensuite immunisé

Donc le moi biologique n’est pas uniquement dans les gènes sinon il serait fixe et serait le même chez deux vrais jumeaux

-           On sait aussi que si l’on fait varier certains paramètres extérieurs, l’individu peut être très différent au niveau biologique: ex

·         variation de température et d’humidité donne des plantes très différentes même si elles ont le même génome ;

·          la  température peut être décisive sur le sexe de certains organismes comme certaines tortues.

·          Idem pour les abeilles ou en leur donnant à manger des choses différentes on a des reines, des ouvrières : la gelée royale

 C’est l’expression des gènes qui varie selon le milieu, les gènes vont coder des molécules différentes selon les situations et cela donnera un individu biologiquement, morphologiquement différent.

 

Donc on voit bien que le moi n’est pas fixe puisqu’il dépend en partie de l’environnement et non seulement de gènes. Or l’environnement est justement changeant, ce que nous rencontrons dans notre vie varie.

Donc on voit bien que les présupposés de la notion d’identité sont les mêmes dans le cas de l’ identité biologique et dans le cas de l’identité personnelle et ils posent tous les deux les mêmes problèmes, ces présupposés sont tous critiquables :

 

Conclusion II:

  • La conscience ne permet pas de nous connaître par ce que l’on peut se mentir à soi-même
  • On ne peut se définir sans autrui mais cela ne veut pas dire qu’autrui nous dicte ce que nous sommes (puisqu’il faut se reconnaître dans son regard).
  • Le moi lui-même est difficile à définir car :

 

-          Il n’est pas séparable de l’autre.

-           Il n’est pas si facile de séparer l’essence de l’apparence : on est aussi ce que l’on montre : sartre le garçon de café

 

·         Freud : la conscience n’est que la partie émergée de l’iceberg

C'est peut-être de là que provient notre difficulté à nous connaître. Si nous ne sommes même pas capable de définir ce que nous sommes comment alors nous connaître ? En tout cas on voit bien que l'on ne parvient pas à se connaître immédiatement par la conscience et que penser se connaître de cette manière est bien une illusion. Peut-être ne faut-il pas chercher à se connaître. Cette quête est peut-être complètement vaine.

 

III- On doit chercher à se connaître.

 

1- Pourquoi vouloir se connaître à tout prix

On peut difficilement abandonner cette quête car elle semble pour nous un devoir. L'école de Socrate, portait la sentence suivante: « connaît-toi toi même ». Pourquoi ? D'abord parce que la vérité apparaît comme une valeur suprême. Nous ne pouvons pas choisir l'illusion, l'erreur. Pourtant Nietzsche critiquait cette amour de la vérité chez Socrate qui l'a amené à choisir la vérité plutôt que la vie. La vérité doit-elle toujours être choisie par rapport à d'autres valeurs que sont le bonheur ou la justice ou la vie. Rien n'est moins sûr. Exemple: dire toujours la vérité  même si elle fait mal même si elle amène des injustices (délation). Et pour soi également on sait que la connaissance de nous même peut parfois être douloureuse: reconnaître ses défauts, ses incapacités...

Mais ce n'est peut-être pas au nom de la vérité que l'on doit se connaître mais plutôt au nom de la liberté. En effet mal se connaître c'est aussi perdre le contrôle sur soi, ne pas se maîtriser, ne pas être libre de ses actes. Ceci a évidemment des conséquences pour nous mais aussi des conséquences sur les autres.

Mais si l'on doit se connaître il faut parvenir à définir ce que l'on est.

 

 2- Revoir la définition de l'identité

 

a- à partir du moi biologique: La théorie alternative

 

 

1-      Notre moi comprend de l’autre.

 

2-      Nous ne sommes pas indépendant des autres, du monde extérieur mais au contraire : l’organisme influe sur son environnement mais aussi l’environnement influe sur l’organisme. Cela signifie que le génome est insuffisant pour définir ce que sera l’individualité biologique.

D’ailleurs

 

3-      Quel est la part d’étranger que nous avons en nous ?

Il semble bien que nous acceptons de l’autre à partir du moment où celui-ci nous apporte quelque chose et où celui-ci ne provoque pas de changements radicaux. Cette caractéristique du moi est d’ailleurs vraie pour les cellules du moi : nous nous mettons à rejeter des cellules du moi lorsque celles-ci apportent de trop gros changements : c’est le cas dans les cancers. Les bactéries commensales sont acceptées par notre organisme car elles fonctionnent en symbiose avec nous. On se rend compte de plus en plus qu’il y a des échanges permanents entre notre système immunitaire et les bactéries. La relation que les cellules porteuses de notre baguage génétique développe avec ces bactéries serait à peu près comparable aux poissons pilotes qui sont sous les requins ou les insectes qui polénisent les fleurs : chacun tire son avantage de cette coopération.

 

C’est donc un modèle interactionniste qui prend le dessus : Le moi ne pourrait être compris et défini qu’en interaction avec l’autre et son milieu.

On peut se demander pourquoi spontanément le moi a été défini par le rejet du non soi. Pourquoi penser immédiatement que je serais moi en rejetant l’autre ? N’y a-t-il pas là un préjugé xénophobe : n’est-ce pas la peur de l’étranger, la peur de l’autre, de l’immigré qui nous fait spontanément penser les choses ainsi ? Les préjugés politiques auraient ainsi une implication sur la pensée scientifique la plus majoritaire.

 

Références :

Thomas PRADEU « la mosaïque du soi : chimères en immunologie » 2009

Michel MORANGE La part des gènes.

 
Lucie CHANU
 

 

 

 

 

Aimer est-ce rencontrer sa moitié ? Lucie

A partir du mythe d'Aristophane que Guillaume a déjà "posté". Une séance de réflexion sur l'amour.

La philosophie par les mythes : le mythe d’Aristophane dans le Banquet :
Une conception fusionnelle de l’amour


·        Le désir comme manque

Une conception traditionnelle du désir : la logique de combler un manque. Le plaisir. On désire ce que l’on a pas.

 Le lien alors avec l’idéal l’utopie

Mais alors imperfection : l’homme misérable

L’opposition de Spinoza : Il n’y a pas d’imperfection dans la nature. Le désir comme expression de notre être et non pas de ce qui nous manque.


·        L’amour fusion : sa place dans la littérature et nos conceptions de l’amour.

Les expressions liées à cela.

Discussion : recherche t-on soi-même ou de l’autre dans l’amour ?

Les problèmes : on n’est pas entier : la faiblesse psychologique

La souffrance car l’autre n’est jamais nous-même donc l’amour est toujours malheureux. Le mythe du prince charmant fait-il plus de bien ou plus de mal ?


·        L’homosexualité

Topo chez les Grecs. L’homosexualité est-elle contre nature ? Peut-on aimer l’autre du même sexe ?

Prolongement : quels sont les différences entre l’amour et l’amitié.

Lucie CHANU

la jalousie Lucie

LA JALOUSIE

Le contexte
Depuis le début de l'année je tente des séances de "philosophie autrement". On part d'autres supports que les textes de l'histoire de la philo, de documents, ou de thématiques plus proches des élèves pour faire de la philosophie.
Ici une séance sur la jalousie faite déjà en L et S et prochainement en STI qui suit une séance sur l'amour et permet de la renforcer.

La séance
Je suis partie de ce texte de la Prisonnière de Proust.
Cela permet de renforcer le cours sur le désir et le bonheur  mais aussi Autrui en réfléchissant sur les conséquences de l'idée de manque. Le désir amoureux ne va-t-il pas de pair avec le manque ? Cela signifie-t-il qu'il participe à notre malheur ? Puis-je posséder complètement autrui ?

La Prisonnière , Marcel PROUST : Peut-on aimer sans être jaloux ?
 Y a-t-il des amours heureux ?


Si l’amour est possession de l’autre pourquoi est-il condamné au malheur ?

« La possession totale d’Albertine,  possession qui avait été mon but et ma chimère depuis le premier jour où je l’avais vue ». « Vouloir à tout prix connaître ce qu’Albertine pensait, ce qu’elle voyait, qui elle aimait – comme il était étrange que je sacrifiasse tout à ce besoin ».

« Et je comprenais l’impossibilité où se heurte l’amour. Nous nous imaginons qu’il a pour objet un être qui peut être couché devant nous, enfermé dans un corps. Hélas ! Il est l’extension de cet être à tous les points de l’espace et du temps que cet être a occupés et occupera. Si nous ne possédons pas son contact avec tel lieu, avec telle heure, nous ne le possédons pas. Or nous ne pouvons toucher tous ces points. De là la défiance, la jalousie, les persécutions ».

« Je sentais que ma vie avec  Albertine n’était pour une part, quand je n’étais pas jaloux, qu’ennui,  pour l’autre part, quand j’étais jaloux, que souffrance ».

« J’appelle ici amour une torture réciproque ».


De quoi est-on jaloux exactement ?

« Mais ce qui me torturait à imaginer chez Albertine, c’était mon propre désir de plaire à de nouvelles femmes, d’ébaucher de nouveaux romans ; c’était de  lui supposer ce regard que je n’avais pu, l’autre jour, même à côté d’elle, m’empêcher de jeter sur le jeunes cyclistes assises aux tables du Bois de Boulogne. Comme il n’est de connaissance, on peut presque dire qu’il n’est de jalousie que de soi-même ».


Pourquoi n’y a-t-il plus d’amour si la possession est totale ?

« Il faudrait choisir entre cesser de souffrir ou  cesser d’aimer. Car, ainsi qu’au début il est formé par le désir, l’amour n’est entretenu plus tard que par l’anxiété douloureuse. Je sentais qu’une partie de la vie d’Albertine m’échappait. L’amour, dans l’anxiété douloureuse comme dans le désir heureux, est l’exigence d’un tout. Il ne naît, il ne subsiste que si une partie reste à conquérir. On n’aime que ce qu’on ne possède pas tout entier ».


Le paradoxe de l’amour : on veut posséder l’autre mais si on y parvient l’amour disparaît.


Prolongement :

·         que signifie vouloir posséder l’autre ? Est-ce la même chose que vouloir posséder un objet ?  texte de Sartre sur la possession amoureuse : posséder une liberté comme liberté

·         Es-ce que l’amour est nécessairement volonté de possession ? N’est-ce pas du à l’idéal d’exclusivité qui existe dans nos cultures : l’amour chez les Mosso. Voir documentaire  d’ethnologie« Touentou, fille du feu ».

Lucie CHANU

dimanche 7 octobre 2012

Questionnaire sur la vérité en justice

Voici un tout petit questionnaire sur le film Douze hommes en colère, de Sydney Lumet. Un film magnifique à bien des égards et qui, quoique en noir et blanc (et en V.O., j'y tiens), captive et subjugue littéralement les élèves.
Je peux poster mon "corrigé" si ça intéresse quelqu'un.
J'ai choisi de prendre l'angle de la question de la "vérité" plutôt que celle de la justice.
Ce n'est pas un questionnaire donnant lieu à évaluation. C'est plutôt une sorte de "grille de lecture" que je distribue aux élèves avant visionnage et qu'on discute ensemble ensuite (ce qui peut prendre une bonne heure, selon les références qu'on fait au cours, la participation des élèves, etc.).

Eva Lerat



Twelve angry men
Questionnaire

  1. Pour quelles diverses raisons déclarées, les jurés votent-ils la culpabilité de l’accusé ?
  2. Quelles motivations individuelles (non déclarées comme telles) peut-on déceler dans ce choix ?
  3. Quels arguments produisent finalement un doute légitime ?
  4. Quelle est la seule chose que puissent prouver ces arguments ?
  5. Dans cette affaire, peut-on découvrir la vérité ? Pourquoi ?

Questionnaire sur La controverse de Valladolid

Voilà un petit questionnaire sur le film de Jean-Claude Carrière, La controverse de Valladolid.
La question 3 n'existe sous cette forme que parce que les élèves auxquels j'ai montré le film travaillaient sur le Contrat Social en oeuvre suivie.
La dernière question peut - évidemment - pousser à controverse car elle semble supposer qu'on peut hiérarchiser les cultures... il est toujours intéressant de voir qui verra ce problème dans une classe. Et même si personne ne le voit, cela peut donner justement lieu à réflexion.

Eva Lerat

La controverse de Valladolid
Film de Jean-Claude Carrière

Questionnaire


Historiquement (source : Wikipedia) : « La controverse de Valladolid est un débat qui opposa essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda en deux séances d'un mois chacune (l'une en 1550 et l'autre en 1551) au collège San Gregorio de Valladolid. Il réunissait théologiens, juristes et administrateurs du royaume, afin que, selon le souhait de Charles Quint, il se traite et parle de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience.
La question était de savoir si les Espagnols pouvaient coloniser le Nouveau Monde et dominer les indigènes, les Amérindiens, par droit de conquête, avec la justification morale pouvant permettre de mettre fin à des modes de vie observés dans les civilisations précolombiennes, notamment la pratique institutionnelle du sacrifice humain, ou si les sociétés amérindiennes étaient légitimes malgré de tels éléments et que seul le bon exemple devait être promu via une colonisation-émigration. »
Le film de Jean-Claude Carrière n'a pas une visée d'exactitude historique, même si bien des points abordés sont documentés. Il fait de cette controverse une sorte de tribunal visant à juger de l'humanité des indiens d'Amérique, et c'est en tant que tel qu'il nous intéresse ici.

  1. Les deux hommes opposent chacun une liste (qui de ce que les Indiens ignorent, qui de ce que les Indiens maîtrisent) afin d'appuyer leur thèse selon laquelle les Indiens seraient ou ne seraient pas des hommes comme eux. Relevez les divers items des deux listes. Certains items vous semblent-ils surprenants dans l'une ou l'autre liste ?
  2. Sepulveda fonde la supériorité « en droit » de la civilisation espagnole (et occidentale de manière générale) sur sa supériorité « de fait » : comment s'y prend-il ?
  3. « C'est un peuple de sauvages. Non seulement il est nécessaire de soumettre leur corps à l'esclavage mais leur esprit à la religion ! » Sepulveda suggère ici qu'il y aurait un droit de réduire ces Indiens en esclavage, faisant même référence à Aristote. Rousseau fait, lui aussi, référence à Aristote dans son œuvre Du Contrat social (Livre I, chap.2). Quel sort fait-il à cette inégalité de nature entre les hommes censée justifier l'esclavage ?
  4. Sepulveda, défend l'idée d'un « ordre naturel » lorsqu'il estime qu'il est naturel qu'il y ait domination sur les Indiens, « comme la forme domine la matière, comme l'âme domine le corps, comme l'homme domine l'animal, comme l'époux domine l'épouse et le père, l'enfant ». Un tel « ordre naturel » peut-il être, comme il l'affirme, « pour le bien de tous » ? Pourquoi ?
  5. Las Casas reproche à Sepulveda ses sophismes. Qu'est-ce qu'un sophisme ?
  6. Dire que « la faculté de rire n'appartient qu'à l'homme » signifie-t-il que tous les hommes doivent rire de la même chose ? ...que pour être un homme, faut-il avoir le même sens de l'humour ?
  7. Hiérarchiser les cultures peut-il permettre de hiérarchiser aussi les êtres ? Pourquoi ?

vendredi 5 octobre 2012

Exercices de syllogistique

Quelques exercices pour tester ses aptitudes logiques, notamment inspirés du livre de Lewis Carroll : une série de syllogismes à compléter et une autre série mélangeant syllogismes valides et sophismes.

Lien vers le document pdf

mercredi 3 octobre 2012

Pratiquer la philosophie comme un jeu de rôle...

Un jeu de rôle gratuit à imprimer soi-même et à lancer dans une classe, une soirée, un café ou même en réseau...

Réflexion en groupe puis "chacun pour soi" sur le sujet: Toute prise de conscience peut-elle être libératrice?

En début d'année, première réflexion en classe sur un sujet de dissertation, dont je montre qu'il pourrait être traité sans connaissances "philosophiques", c'est-à-dire en 1ere, en 6ème, et pourquoi pas en CE2.
Le but étant de montrer par la suite combien ce sera plus intéressant avec quelques références philosophiques précises.

1 heure à analyser le sujet ensemble, puis en groupe de 4 ou 5 élèves. Pourquoi pas en marchant dehors s'il fait beau temps, en "imposant" trois pistes:
Une prise de conscience est généralement libératrice.
Une prise de conscience est souvent oppressante, aliénante dans un premier temps, puis peut devenir libératrice.
Une prise de conscience est le plus souvent oppressante.

Chaque groupe tire au hasard une de ces pistes. Un rapporteur pour la trace écrite et un autre pour une présentation orale.
Recherche de quelques arguments et exemples précis appropriés (film, livre, situation historique, scientifique, etc)

Une deuxième heure la semaine suivante: les élèves ont tous la photocopie des traces écrites, et rédigent une page et demi minimum sur la piste qui, individuellement, leur semble la plus judicieuse. En utilisant ou non ce qui a été fait par les groupes.
Je corrige de manière très détaillée mais SANS NOTE. Système avec des +, des + qui vont vers ++, et des ++. Aucun moins dans la mesure où chaque élève a participé.

Travail d'écriture à améliorer pour la semaine suivante, en intégrant des références données en cours.
A ce moment là, j'explique ce qu'est une dissertation et comment la construire, montrant que chaque élève a écrit une partie, la dernière, d'une dissertation, et que ce n'était pas si difficile.

Je pense noter assez généreusement ce qui va être amélioré, mais sans passer beaucoup de temps sur la correction (je l'ai déjà fait avant...)

Virginie Larteau